Le photographe Ed van der Elsken est un grand amateur de musique jazz. Entre 1955 et 1959, il photographie régulièrement les concerts qui ont lieu à Amsterdam.
Alternant portraits en gros plan des musiciens, vues plus larges sur les orchestres et sur la ferveur du public, Van der Elsken tente de restituer visuellement l’intensité de cette musique. Il joue sur les cadrages et les différents points de vue, n’hésite pas à saisir l’énergie et le mouvement par le flou. Dans ses tirages, il accentue les contrastes et la présence du grain afin de leur conférer plus d’expressivité. Comme chez Robert Frank ou William Klein, le geste et l’acte photographique s’affirment clairement dans la construction des images. Ils participent d’une manière nouvelle d’envisager la pratique artistique dans les années 1950, davantage fondée sur la spontanéité et l’improvisation. Ed van der Elsken partage ainsi avec les musiciens de jazz qu’il photographie une maîtrise parfaite de son instrument lui permettant d’expérimenter avec une grande liberté.
La mise en page qu’il compose pour son livre Jazz en 1959 cherche en outre à traduire graphiquement les rythmes qui se combinent et s’entrechoquent. La succession des images donne à voir le rythme frénétique de la musique, la présence de blancs ménage des moments de silence et la diversité des formats suggère l’alternance des instruments joués en solo ou en chœur et produisent des échos sonores inédits.
Ève Lepaon
Ed van der Eslken, parcours en image
Ed van der Elsken / La vie folle
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