mardi 3 avril 2018
lundi 2 avril 2018
Discussion avec Agnès Violeau pt.2
Agnès Violeau : Tu as mené une longue phase de recherche avant de produire cette trame qui se présente comme un essai vidéographique, introduit par deux vidéos plus courtes présentant d’une part ce qu’est l’eye-tracking, d’autre part l’objet émotionnel, sous la forme d’une fausse démonstration scientifique pour arriver à la fiction. Peux-tu développer ta relation à l’écriture, dans ton travail de vidéaste – j’entends ta relation au texte, omniprésent sous sa forme plastique ou sonore dans tes vidéos, mais aussi à la narrativité, au séquençage des images, qui est une forme d’intertextualité ?
Daphné Le Sergent : Le texte joue plusieurs rôles dans la genèse du travail. Tout d’abord, le texte compile la connaissance que j’ai pu accumuler sur un sujet, il me permet de réfléchir sur ce sujet. Ensuite, le texte devient un matériau de création. Il permet une abstraction dans les idées, un mouvement de réflexion. Telle idée aura telle forme linéaire, pareille à un schéma dynamique de pensée. Certes la lecture d’un texte se fait de gauche à droite, ligne par ligne, mais les mouvements de pensée que cette lecture suggère sont pour moi comme un dessin mental, une ligne harmonique presque musicale. J’aime bien le terme d’ « essai vidéographique » pour ce projet car je me suis beaucoup documentée et je pourrais tirer un texte de mes lectures mais ici tout décante, s’envole, s’évanouit (une grande partie de mes lectures est tombée dans l’oubli), les lignes des mouvements de pensée ont laissé place aux lignes des mouvements du montage et des dessins-photographies animés.
vendredi 30 mars 2018
Mot-clé : champ de bataille.
Quand deux figures de mémoire se présentent à nous.
Laquelle va s’ancrer dans notre esprit ?
jeudi 29 mars 2018
Mot-clé : Figures de mémoire.
La forme, son agencement et les différentes figures de mémoire qu’elle dépose en nous.
mercredi 28 mars 2018
Discussion avec Agnès Violeau pt.1
Agnès Violeau : « Géopolitique de l’oubli » est le second volet du cycle « Novlangue_ » qui s’intéresse au langage technique (le groupe C du vocabulaire, dans le roman d’Orwell), à l’ère des pratiques post-internet. Tu y convoques une nouvelle langue qui est celle construite par ce déluge d’images, offerts par les plateformes et moteurs de recherches, ainsi que l’autorité qu’elle exerce sur notre regard et nos comportements. Comment s’est construit ton projet ?
Daphné Le Sergent : Le novlangue, comme l’imagine Orwell, m’apparaît comme un carcan qui dicterait notre façon de parler, d’agir. C’est un langage qui essaye de conformer notre structure de pensée, comme quelque chose qui nous collerait à la peau. Dans la phase de recherche, j’ai lu La vie liquide de Zygmunt Bauman et je me suis posée la question d’une autorité liquide, d’une autorité qui coule dans nos veines comme notre propre force ou qui nous envelopperait dans un milieu, comme un bain réconfortant mais pour mieux nous « canaliser »… Pour moi, l’autorité liquide, ce serait ce qu’on ne voit pas et qui existe en nous. Je travaillais déjà sur l’overflow et sur comment la surcharge d’information nous morcelle, nous clive, nous fait imploser de l’intérieur, comme si une partie de soi était ennemie de l’autre. D’où l’idée de géopolitique du titre, en le pensant d’un point de vue intérieur. Le novlangue, tel que pensé dans ce projet, est un langage où les signes produits sont tout autant une écriture que la mémoire procédurale de notre comportement face à internet. Dans une navigation, face aux images, aux interfaces graphiques, nous avons acquis des habitudes de regard, de travail. Ces différents gestes qui se répètent, ces différentes trajectoires oculaires qui se réitèrent pourraient être vues comme des lignes cristallisées, prêtes à devenir des logogrammes, des signes d’une écriture à inventer. Toute la question est la prévisibilité de ces habitudes de regard, des concepteurs de site internet travaillent déjà à des designs intuitifs afin d’être sûrs que l’information qu’ils proposent soient assimilée. Ce serait donc une sorte d’autorité liquide, invisible.
mardi 27 mars 2018
Mot-clé : saillance mémorielle.
Quel souvenir gardons-nous de la forme d’un objet ?
vendredi 23 mars 2018
Géopolitique de l’oubli, premier cahier
Le projet « Géopolitique de l’oubli » s’est tissé au travers de lectures et de notes sur des carnets que je suis heureuse de partager ici. Mais le premier lieu où le travail commence à réellement exister, c’est dans la parole et les échanges avec autrui. Le dialogue avec Agnès Violeau a été le fil ininterrompu qui a sous-tendu la conceptualisation et la formalisation du projet.
J’ai eu la chance aussi de m’entretenir avec certains auteurs des ouvrages parcourus et avec des spécialistes des questions que j’aborde :
– Jean-Jacques Glassner, historien spécialiste du monde mésopotamien et de l’écriture cunéiforme, directeur de recherche émérite au CNRS.
– Aline Hémon, professeur d’anthropologie, université Picardie-Jules Verne.
– Jean-Michel Hoppan, épigraphiste, ingénieur d’étude au CNRS.
– Martine Sin Blima-Barru, conservatrice du patrimoine, responsable du département de l’archivage électronique et des archives audiovisuelles, Archives Nationales.
– Geoffrey Tissier, ingénieur de recherche au LUTIN-Userlab, ergonomie, création d’interfaces innovantes, eyetracking et commande par le regard.
Je tiens à les remercier vivement pour leur générosité dans les échanges passionnants que nous avons eus et pour leur patience face à mes questions parfois si loin de la réalité de leur terrain.