« Les années se sont enfuies »
Montage #6
21 juin 2019
« Les années se sont enfuies et te revoilà à la même place qu’alors baigné de lumière irisée les yeux braqués sur le vide. Elle tarde.
« Les années se sont enfuies et te revoilà à la même place qu’alors baigné de lumière irisée les yeux braqués sur le vide. Elle tarde.
« Ils viennent avec des gâteaux aux fruits. […] Des collants en nylon marron. Chaussures en simili cuir.
« Cette lumière sans ombre. Simplement pour t’absenter. Ou pour affaire comme ici. Une jambe unique apparaît.
« J’avance là. Frais et froid et encore plus froid. Sur le cuir. Recouvrant mes chaussettes blanches.
« Sachant d’expérience que la stature ou grandeur qui vous est commune est la somme de segments égaux.
« D’abord le corps. Non. D’abord le lieu. Non. D’abord les deux.
« Mais de loin la majeure partie de ce qui se dit ne peut être vérifiée »1Samuel Beckett, Company, London: Calder, 1979 ; Édition française : Paris, Ed. de Minuit, 1989 Pour la série de juxtapositions qui suit, j’ai invité Elsa-Louise Manceaux à …
Siri Hustvedt, Un monde flamboyant, p. 73.
D’après Hito Steyerl, l’inintelligibilité est devenue la nouvelle norme. Elle explique que l’information est transmise par des signaux que nos cinq sens ne peuvent percevoir((Hito Steyerl, Duty Free Art. Londres et New York : Verso, 2017, p. 47 – 49.)) (charges électriques, ondes radio, impulsions lumineuses). Aujourd’hui, notre perception du monde se fait très souvent à travers des machines. La vision humaine ne joue plus qu’un rôle mineur, elle a perdu de son importance. Ce que l’on voit est filtré, d’abord passé par la reconnaissance de formes et le décryptage des machines. Pour ces machines, les images ont une autre apparence, et sans traitement des signaux, les êtres humains sont incapables de les percevoir. Autrement dit, ces images invisibles à nos yeux forment une réalité inintelligible. Dans une certaine mesure, la réalité elle-même est devenue inaccessible à la compréhension humaine. Très souvent, la réalité est transmise par l’intermédiaire d’écrans (et je ne peux m’empêcher de penser au camouflage pixélisé de certains uniformes militaires). Si les machines décodent la réalité pour nous, et si tous les objets sont devenus des informations immatérielles, comment nous est-il encore possible de percevoir quoi que ce soit ? Cela ne fait aucun doute : la transformation de l’ensemble du réel en données numériques et la circulation de l’information ont une influence sur le sensible et sur notre manière de le percevoir. Pour la peintre Elsa-Louise Manceaux (née en 1985 à Paris et installée à Mexico), dans cette situation, il faut reconsidérer la peinture par rapport aux écrans et aux données; il faut que la peinture agisse sur ces nouvelles sensibilités.
Dans ses collages, Miguel Ventura (né en 1955, à San Antonio, Texas, actuellement installé au Mexique) juxtapose une multitude d’images apparemment disparates. Bâtiments d’architecture moderne ou contemporaine réalisés par des starchitectes, personnes célèbres, artistes, personnalités politiques, cadavres, quelques svastikas de-ci …
Défaire l’organisme n’a jamais été se tuer, mais ouvrir le corps à des connexions qui supposent tout un agencement, des circuits, des conjonctions, des étagements et des seuils, des passages et des distributions d’intensités, des territoires et des déterritorialisations mesurées …