— Brèves
(Dé)confinés de tous pays…


Publié le

267 Partages

Cher Jeu de Paume,

Tu liras sans doute ma carte postale une fois que l’on sera déconfiné·e·s. Enfin… Tu seras toujours fermé et bon nombre d’entre nous resterons encore chez eux. Voici une petite liste de films tirés du catalogue du Collectif Jeune Cinéma que je te propose de regarder, chaque film m’évoquant un état particulier et forcément subjectif de la crise actuelle. Bien entendu, cela ne remplacera pas une vraie projection, en salle, et si possible en pellicule pour les films existant dans ce format : tu ne le sais que trop bien puisque tu fais partie de ces rares endroits à avoir gardé un projecteur argentique, ainsi qu’un projectionniste sachant l’utiliser. Merci donc à toi, et je te souhaite un bon visionnage (et bonne suite de confinement).







Les Brebis enragées de Jean-Pierre Bastid (date inconnue, approx.1974). Le film n’a jamais été projeté, il s’agit donc d’un inédit, tiré d’un fait divers concernant un meurtre commis par deux auto-stoppeuses – le libertaire Jean-Pierre Bastid voyant en elles deux nouvelles sœurs Papin, qu’il met en situation d’auto-confinement. J’ai passé quelques temps à restaurer le film, scotch par scotch, dont la bande son était séparée, comme souvent à l’époque dans le cinéma souterrain. Je profite actuellement du confinement pour réparer un autre film tourné dans ces mêmes années, Le Chant des Signes de Yves-André Delubac, et je pense à tous les films qui pourrissent années après années et dont personne ne s’occupe ; cette situation n’allant pas en s’arrangeant, malheureusement.







The Window de Julius Ziz (1989), car c’est un très beau film, et parce que je pense aussi à ces personnes qui, comme dans ce film, attendent toute la journée seules à leur fenêtre que quelqu’un vienne leur rendre visite.







On ira à Neuilly Inch’Allah de Anna Salzberg et Mehdi Ahoudig (2015). Pour les manifestants du film pour qui il n’y a pas de travail à distance possible en ce moment – et plus généralement tous ces métiers auxquels on pense trop peu et pour lesquels des milliers de gens se mettent en danger chaque jour. Mais aussi pour la co-cinéaste du film qui a d’énormes difficultés à financer son prochain travail, et qu’elle n’est pas la seule dans ce cas, et que cela ne risque pas d’aller vers le mieux.







Dendromité, de Karine Bonneval (2015), qui fait dialoguer humains et végétaux, et qui nous rappelle que toutes les questions écologiques que l’on se posait et que l’on se pose encore devront absolument trouver réponse dans les mois qui viennent.








Rester mince grâce à bébé, de Fabien Rennet (2009), car il faut tout de même rire en cette période troublée (et face à cet avenir qui l’est encore plus), et que ce film s’adresse aussi à tous les parents qui ne savent plus quoi faire pour s’occuper de leurs enfants.

Je tiens par ailleurs à signaler l’existence de notre album vimeo qui regroupe près de 300 films en visionnage gratuit, débloqué pendant le confinement ; ainsi qu’un programme de films expérimentaux à destination des enfants (à partir de 6 ans), accessible ici.

Théo Deliyannis


Théo Deliyannis est cinéaste, programmateur, et administrateur du Collectif Jeune Cinéma.