How is the photographic work of Laure Albin Guillot remembered today?
– The name of this French photographer (1879 – 1962) is certainly little-known. For some it may evoke certain of her “micrographies,” the photographs of microscopic preparations whose astonishing patterns are sometimes interpreted as abstract experiments, but which the photographer created for purely decorative ends. In fact, however, during the interwar years Albin Guillot became the most fashionable photographer in France as well as the most important institutional figure in the world of French photography.
Society figures and celebrities, but also private individuals, beat a path to her studio, attracted by her classical style, her technical virtuosity, and the quality of her prints. She was also a militant advocate of photography, which she championed as a fine art, while encouraging its use in modern advertising and using official positions to promote it.
To exhibit the period when Laure Albin Guillot was at the forefront of the scene, and to question the artistic taste of her contemporaries, with a view to better understanding the avant-gardes of the day (Claude Cahun, André Kertész, etc.) – that is the simple aim of “Laure Albin Guillot, l’enjeu classique,” the exhibition presented at Jeu de Paume to 12 May 2013.
Que retient-on aujourd’hui du travail photographique de Laure Albin Guillot ?
Le nom de cette photographe française (1879-1962), est très peu connu aujourd’hui. Il évoque peut-être pour certains ses « micrographies », photographies de préparations microscopiques, dont les motifs étonnants sont parfois interprétés comme des expérimentations abstraites, mais que la photographe destinait à un usage purement décoratif. Pourtant, dans l’entre deux-guerres, Laure Albin Guillot s’est imposée comme la photographe la plus en vogue, et la figure institutionnelle la plus importante du monde de la photographie.
Les personnalités mondaines mais aussi des anonymes se pressent aux portes de son studio, séduits par son style classique, sa virtuosité technique, et la qualité de ses tirages. Elle est aussi une militante de la photographie, qui défend sa place parmi les Beaux Arts, encourage son usage dans la publicité moderne, et multiplie les fonctions officielles pour la promouvoir.
Montrer cette époque où Laure Albin Guillot occupe le devant de la scène, questionner le goût artistique de ses contemporains, pour peut-être mieux comprendre ses avant-gardes (Claude Cahun, André Kertész…) : voilà toute l’ambition de l’exposition « Laure Albin Guillot, l’enjeu classique », présentée au Jeu de Paume jusqu’au 12 mai.
Biographie
1879 Naissance de Laure Meifredy le 14 février à Paris. Elle étudie au lycée Molière, rue du Ranelagh, dans le XVIe arrondissement de Paris, et habite le quartier toute sa vie. Pianiste, elle dira plus tard qu’elle se destinait à une carrière de concertiste.
1897 épouse Albin Guillot, étudiant en médecine, organiste et compositeur, et exercera plusieurs métiers : experts auprès des hôpitaux de Paris, chercheur et industriel.
1922 « Madame Albin-Guillot » publie ses premières images de mode dans Vogue. Ouvre un atelier de portrait à son domicile, au 88, rue du Ranelagh.
1924 Publie dans Les Modes, L’Officiel de la couture et de la mode de Paris et Lectures pour tous. Participe au Salon des artistes décorateurs et au Salon international de photographie organisé par la Société française de photographie. Exposera chaque année dans ces deux Salons jusqu’au début des années 1950.
1925 Devient membre de la Société française de photographie (SFP). Expose à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes. « Laure Albin Guillot » sera désormais son nom d’artiste. C’est le début de sa célébrité.
1928 Salon de l’Escalier, « Premier Salon indépendant de la photographie » à Paris, qui réunit les oeuvres d’Atget, D’Ora, Kertész, Krull, Man Ray, Albin Guillot, Paul Nadar et Outerbridge.
1929 Mort d’Albin Guillot. S’installe au 43, boulevard de Beauséjour, fait construire un atelier par Mallet-Stevens. Reçoit et photographie des personnalités des beaux-arts, de la musique et de la littérature, comme Paul Valéry, Colette, Anna de Noailles, Jean Cocteau.
1930 Au cours des années 1930, effectue plusieurs voyages au Maghreb, en Espagne, en Italie, en Suède, en Norvège et aux États-Unis. Sa production photographique est abondamment reproduite dans la presse et fait l’objet de plusieurs livres. Elle participe chaque année à plusieurs expositions collectives et personnels dans les salons et galeries à Paris, en province et à l’étranger.
1931 Est présidente de l’Union féminine des carrières libérales et commerciales. Publie Micrographie décorative, luxueux ouvrage reproduisant des microphotographies de préparations microscopiques envisagées comme des possibilités ornementales. Cette série avait été initiée avec son époux, lui-même collectionneur de ces préparations.
1932 Est nommée chef du service des archives photographiques de la direction générale des Beaux- Arts (futur ministère de la culture).
1933 Est directrice de la Cinémathèque nationale (qui précédera la Cinémathèque française) et conçoit un vaste projet de musée réunissant les « arts mécaniques » : le cinéma, la photographie et le disque. Ce musée ne verra jamais le jour. Écrit et publie Photographie publicitaire, ouvrage définissant le rôle de la photographie dans la publicité moderne.
1936 Illustre le Narcisse de Paul Valéry. L’ouvrage est le premier d’une série de somptueux livres d’artistes combinant photographie et littérature.
1937 Fait partie du comité d’installation pour la photographie et le cinéma à l’Exposition internationale des arts et techniques. Elle sera ensuite chargée du rapport général de cette même exposition. Co-organise et participe à l’exposition « Les femmes artistes d’Europe » au Jeu de Paume.
1939 Réalise des prises de vue sur la protection des monuments de Paris et l’évacuation des collections du musée du Louvre.
1940 Quitte la direction des archives photographiques. Publie plusieurs livres d’artistes pendant l’occupation : La Cantate du Narcisse et de Paul Valéry (1941), Petits Métiers de Paris (1942), Arbres avec Paul Valéry (1943), Ciels avec Marcelle Maurette (1944).
1942 Illustre, aux côtés de Robert Doisneaux et de nombreux autres photographes Nouveaux Destins de l’intelligence française, ouvrage destiné à valoriser l’élite intellectuelle mise en avant par le régime de Vichy. Réalise de nombreux travaux commerciaux sous l’Occupation, en particulier pour la mode.
1945-1956 Laure Albin Guillot continue de produire un grand nombre des portraits dans son atelier du Boulevard de Beauséjour. Elle publie ses derniers ouvrages : Splendeur de Paris avec Maurice Garçon (1945), La Déesse Cypris d’Henry de Montherlant (1946) et Illustrations pour les Préludes de Claude Debussy (1948).
1956 Met un terme à sa carrière et se retire à la Maison nationale des artistes, à Nogent.
1962 Meurt à Paris le 22 février.
Liens
Exposition « Laure Albin Guillot (1879–1962), l’enjeu classique »
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