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Sabine Maria Schmidt (Museum Folkwang d’Essen) est commissaire de l’exposition « Aernout Mik, Communitas », avec Leontine Coelewij (Stedelijk Museum, Amsterdam) et Marta Gili (Jeu de Paume, Paris) . Elle présente Middlemen, vidéo de 2001, la plus ancienne présentée dans cette exposition.
Les interprétations contemporaines ont souvent vu dans cette œuvre une annonce prophétique de la récente crise financière. Bourse dont le sol est jonché de papiers, courtiers (les middlemen) au bord de la crise de nerfs, abattus ou secoués de tics – l’impression de débâcle ou de récente catastrophe est dominante. La scène est entièrement construite par l’artiste, du décor aux gestes et attitudes des acteurs. Tout en faisant signe vers des éléments politiques et sociaux précis, les circonstances de la situation sont suffisamment vagues pour renvoyer à divers événements, comme les crises économiques survenues depuis les années 1980. Au-delà de ces références, Middlemen met aussi en scène des aspects élémentaires du comportement humain, en donnant à voir une action individuelle privée de liberté, en proie aux prédéterminations sociales.
L’historien d’art pourra également retrouver dans Middlemen une actualisation de la peinture de genre, tradition picturale mettant en scène des scènes de la vie quotidienne, prises sur le vif, dont les personnages sont des types humains contemporains mais anonymes.
L’exposition du Jeu de Paume rend manifeste une des qualités majeures des installations d’Aernout Mik, sa préoccupation pour l’environnement de l’œuvre exposée. C’est en effet la première fois que l’artiste propose une telle scénographie pour Middlemen. Comme l’explique Sabine Maria Schmidt, la silhouette du Louvre, visible par l’une des fenêtres de la salle juste au dessus de l’écran, se découpe dans le lointain comme si elle se superposait à la vidéo, établissant ainsi un lien avec le système financier de l’Ancien régime. L’importance de la mise en espace des vidéos est aussi présente dans leur projection au ras du sol, à une échelle telle que les personnages à l’écran se retrouvent à taille humaine. Par ces deux procédés, le spectateur est inclus dans l’œuvre vidéo et devient comme un miroir des personnages de la fiction.
Deux des personnages de Middlemen présentent une ressemblance troublante. En réalité, l’un d’eux est un automate, qui double les gestes et expressions de l’autre. Il est significatif que ce phénomène de double projection, de double réalité se retrouve dans l’œuvre la plus ancienne de l’exposition tout comme dans la plus récente : dans Shiffting Sitting, cet effet de miroir se retrouve dans la présence même d’un sosie de Berlusconi, tout comme dans les masques à son effigie revêtus par la foule qui envahit le tribunal.