— Regard
Mark Rosenthal présente “Soho et Felix” de William Kentridge


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À l’occasion de l’exposition « William Kentridge, cinq thèmes » présentée au Jeu de Paume jusqu’au 5 septembre 2010, le magazine a rencontré le commissaire, Mark Rosenthal. Il commente ici deux dessins qui ouvrent le thème I : « Une période opaque : Soho et Felix ».

Avec la création de Johannesburg, 2nd Greatest City after Paris, en 1989, Kentridge entame un cycle de courts films d’animation qui nous présentent ses personnages emblématiques : Soho Eckstein, capitaliste avide et magnat de l’immobilier, dont la conscience trouble reflète certains aspects de l’Afrique du Sud de l’époque, et son alter ego sensible, Felix Teitlebaum, qui en pince pour la femme de Soho. Felix assume souvent le rôle de substitut de l’artiste, mais, comme le dit Kentridge :

« Il y a quelque chose de moi dans chacun de mes personnages…, ou tous les deux sont en moi. »

En neuf films, dont les dessins préparatoires sont exposés au Jeu de Paume, Soho et Felix vont poursuivre leur aventure, essayant de trouver leur place dans le climat politique et social du Johannesburg des dix dernières années de l’apartheid. C’est dans cette série que Kentridge met au point sa méthode de travail fondée sur l’improvisation et son recours caractéristique à l’animation image par image (stop- motion). Par le mouvement d’images successives exécutées au fusain, il évoque l’exploitation minière locale et suggère, dans sa manière d’effacer et de retravailler continuellement ses dessins, l’érosion constante des paysages. L’état final de chaque dessin est alors un véritable enregistrement de cette succession laborieuse d’effacements et d’additions, tel un palimpseste qui exprimerait la tension émotionnelle entre l’oubli et le souvenir.



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