En parallèle à la rétrospective qui lui est consacrée au Jeu de Paume, William Kentridge a répondu à une invitation originale du Louvre. Henri Loyrette, son directeur et Marie-Laure Bernadac, conservateur général, chargée de mission pour l’art contemporain, ont en effet proposé à l’artiste sud-africain de dialoguer avec les collections du Musée sur le thème de l’Égypte ancienne.
William Kentridge présente donc dans la salle d’actualité des arts graphiques une dizaine d’œuvres récentes, en contrepoint d’une sélection de dessins issus des collections du Louvre et du Musée d’Orsay, les plus anciens datant du XVIe siècle. De Dupérac à Delacroix, en passant par Le Brun et Poussin, le travail de William Kentridge trouve un écho dans ces dessins d’artistes et de voyageurs. L’iconographie emblématique de l’Égypte ancienne, les explorateurs, les archéologues et les scribes, les pyramides, les ruines…, sont autant de figures que William Kentridge réactive dans ses « carnets d’Égypte ». L’image construite et déconstruite du Sphinx, à la fois sculpture et dessin, devient le symbole de l’exposition.
De la même manière, ses vidéos sont conçues comme des carnets de notes, dans lesquels l’artiste s’implique personnellement et se met en scène. Il expérimente à cette occasion une Égypte ancienne imaginaire, esquissée dans la salle d’actualité du département des Arts graphiques. Ces vidéos sont projetées dans le lit à baldaquin de Louis XIV, que William Kentridge utilise comme un théâtre miniature, mêlant la performance à des références littéraires comme le poème de Percy Bysshe Shelley, Ozamandias of Egypt, ou musicales avec l’Opéra Isis de Jean-Baptiste Lully. L’artiste n’hésite pas néanmoins à détourner de manière burlesque les instruments de mesure de l’archéologue et à emprunter d’autres références au monde contemporain, telle la vuvuzela utilisée par les supporters de football dans les stades d’Afrique du Sud.
Marie-Laure Bernadac présente au magazine toutes les facettes de cette riche collaboration entre William Kentridge et Le Louvre, qui, avec la rétrospective du Jeu de Paume, donne une vision d’ensemble de cet œuvre à la fois poétique et politique.