samedi 9 mars 2013
À propos de Norbert Weber
Je n’avais jamais entendu parler de Norbert Weber avant que Chan-Kyong Park ne m’envoie par la poste un ouvrage daté de 1915, une édition originale en allemand, précieuse, contenant le journal de voyage, les photographies et les dessins, d’un moine Bénédictain, Norbert Weber, chef de la communauté de Sainte-Othilde en Bavière. Le contrat tacite entre nous, artistes, était celui d’une sorte de lettre volée: à moi de lire et de traduire le livre – avec mes manques et imperfections de langue allemande – et transmettre les vides et les pleins de ma vision. Ce que nous pensions pouvoir partager sans traduction est notre regard porté sur les photographies. Elles semblaient se donner à lire dans l’immédiateté et l’évidence des images, il me semblait que tourner les pages était comme la résolution d’une énigme, un secret caché dans le regard frontal d’un enfant, d’une femme dont la tresse noire, si longue, révèlerait rigueur et ordre moral, puis ces robes, ces grandes tenues blanches que revêtent les hommes et les femmes. Les robes blanches trouent les images en noir et blanc, comme des figures fantômes, des formes pures et vierges – ce à quoi le blanc, dans ma propre culture, fait référence – elles augurent d’une haute civilisation. Il semble que les êtres se détachent des lieux où ils vivent.