1 Avr. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur Talbot et nous

Talbot et nous

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Photographie de Muriel Pic, extraite du livre Les désordres de la bibliothèque, publié aux éditions Filigranes

Photographie de Muriel Pic, extraite du livre Les désordres de la bibliothèque, publié aux éditions Filigranes

The term “Photography” is now so well known, that an explanation of it is perhaps superfluous; yet, as some persons may still be unacquainted with the art, even by name, its discovery being still of very recent date, a few words may be looked for of general explanation.
W. Fox Talbot, The Pencil of Nature, 1844.

Ouvrons ainsi les livres fermés de l’image, sortons du rayon des ouvrages où il est question d’histoire, de biographies, de romans noirs et d’incunables.
Muriel Pic, Les désordres de la bibliothèque, 2006.

1. Images racontées

Les images produisent et contiennent des liens invisibles dont certains sont plus évidents que d’autres. Pour être activés, ces liens nécessitent un geste physique qui ressemble à celui que nous engageons dans l’acte de la lecture. En regardant ces images, nous nous approprions leurs liens et pouvons alors restituer un récit. Ils s’apparentent à de petites histoires contenues dans les images. Pour les comprendre et restituer un récit, nous devons plonger dans un état de méditation et ainsi, nous parvenons également à sentir leur matière, leur surface. Présentes sous différentes formes et techniques, nous tirons les images de leur long sommeil.

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18 Mar. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur LE CORPS, D’AILLEURS (2/2)

LE CORPS, D’AILLEURS (2/2)

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Imágen pública – Altas esferas, 1983
© Marcos López. Courtesy Galerie mor • charpentier

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Pendant la rédaction de ces lignes, je tombe sur le travail de Liliana Maresca. Brève mais intense, la trajectoire de cette artiste marque un moment clé de l’art argentin contemporain. En recyclant des stratégies conceptuelles, elle élabore autant de manifestations subjectives que de conflits pressants. Et, voici qu’au milieu de tout cela, il y a le corps.

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10 Mar. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur LE CORPS, D’AILLEURS (1/2)

LE CORPS, D’AILLEURS (1/2)

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Eadweard Muybridge, Turning around in surprise and running away (1884-85). Courtesy Kingston Museum and Heritage Service.

« Un corps est une image offerte à d’autres corps, tout un corpus d’images tendues de corps en corps, couleurs, ombres locales, fragments, grains, alvéoles, lunules, ongle, poils, tendons, crânes, côtes, pelvis, ventres, méats, écumes, larmes, dents, baves, fentes, blocs, langues, sueurs, liqueurs, veines, peines et joies, et moi, et toi ».

J.-L. Nancy, Corpus, Paris : Éditions Métailié, 2006

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C’est une image qui me taraude depuis des années. Une image photographique, une planche, une série d’images, devrais-je préciser. Le sens d’un mouvement inachevé, l’instant pris dans le déroulement de ces 15 images. Trois points de vue, sur un fond noir, avec une grille. Anthropométrie, un regard porté, une norme, peut-être. Et un corps. Surtout un corps. Un corps de femme. Un corps nu. Surpris, en train de quitter la scène.

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3 Mar. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur Image d’enfance (2/2)

Image d’enfance (2/2)

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Rosângela Rennó, Encarnação do verbo (L’Incarnation du verbe), série Contos de bruxas (Contes de sorcières), 1988 ©Rosângela Rennó

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« Comme dans le cas de certains étudiants, ne s’est-on pas aussi demandé, face aux grosses poupées d’enfants aux allures immuables, ce qu’elles deviendraient plus tard ? »

Rainer Maria Rilke, Poupées, « Les poupées de cire de Lotte Pritzel ».9

Le portrait de l’artiste en enfant. Rosângela Rennó se souvient d’une grosse poupée abandonnée par sa sœur aînée. C’est avec ce jouet que l’artiste eut son premier contact avec les archives. À peine initiée à la photographie, elle choisit de jouer avec cette poupée. Dans ce jeu, il y avait donc un appareil photo, ce qui transforma l’activité ludique en véritable rituel de passage d’une enfance à l’autre. C’est ainsi que l’enfance lui devint un espace ouvert, car Rosângela avait attribué un nouvel usage à ce vieux jouet abîmé, en l’occurrence la poupée abandonnée par sa sœur. On appelle cela le processus de travail artistique. Disons qu’avec la photographie, Rosângela a appris la leçon de Baudelaire, selon laquelle les enfants parlent à leurs jouets et « les joujoux deviennent acteurs dans le grand drame de la vie, réduit par la chambre noire de leur petit cerveau ».

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24 Fév. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur ENFANCE D’IMAGE (2/2)

ENFANCE D’IMAGE (2/2)

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Sergio Larraín, CHILE. Valparaíso. Bar « Los siete Espejos ». 1963 © Sergio Larraín /
Magnum Photos

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      Avant, quand je regardais des photographies, je ne savais pas trop quoi dire. Elles étaient belles ou pas, c’est tout, me dit-elle. Aujourd’hui, tout est un petit peu plus extraordinaire. Comment ont-ils fait ça ? Tout est dans le cadrage et la technique. Il faut savoir cadrer, je ne savais pas ce que c’était. Il faut savoir regarder à la même hauteur que l’appareil photo. Il faut savoir regarder. Avant. Après.

      Maintenant, les images photographiques que je préfère sont celles où, quand tu les regardes, il te semble assister à un bout d’une histoire que la photographie est en train de te raconter. C’est un moment d’une histoire. Ou d’un film.

      Je me souviens très bien d’une image de ce type. Une photographie de Sergio Larraín. C’était dans un bar où il n’y avait que des miroirs. Le bar aux sept miroirs. Ça ressemblait à un film. Un moment dans un film. C’était dans un bar, comme dans beaucoup de films. Il y avait des miroirs, comme d’habitude, et des personnes. On ne voyait les personnes qu’à travers les miroirs. Ils mangeaient, ils discutaient. Il y avait une dame dans le bar. Sa posture m’avait beaucoup plu.

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18 Fév. 2014 | Non classé | Commentaires fermés sur Image d’enfance (1/2)

Image d’enfance (1/2)

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Rosângela Rennó. Ataque a dama, série “Alice”, 1987 ©Rosângela Rennó

I

Alice, on l’appelle Alice. Toutefois elle n’habite plus ici. Elle est partie. Une histoire dont le sujet serait le déplacement ou le voyage, pourrait commencer par l’annonce de cette disparition. Il en résulte une image, produite par la brièveté même du récit, peut-être de la bouche d’un voisin inconnu annonçant la disparition de la jeune fille, Alice. Quelle image apparaît quand un étranger nous annonce le départ d’une personne avec laquelle nous partagions une multitude de sensations, comme autant de strates qu’une photographie serait capable de distinguer ? Cette question, on la retrouve chez Proust dans Albertine disparue, quand Marcel désespéré montre la photographie d’Albertine à son ami Robert qui lui demande : « C’est ça, la jeune fille que tu aimes ?1 À l’instar de Robert, ce serait là aussi avec l’annonce du départ d’une jeune fille que cet état inquiétant pourrait devenir nôtre : où est-elle ? Nous l’imaginons d’abord, encore enfant, en quête d’un monde qui n’existe pas.

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10 Fév. 2014 | Non classé | 4

ENFANCE D’IMAGE (1/2)

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Pour Cléo

Les enfants (…) ont une propension particulière à rechercher tous les endroits où s’effectue de manière visible le travail sur les choses. Ils se sentent irrésistiblement attirés par les déchets qui proviennent de la construction, du travail ménager, ou du jardinage, de la couture ou de la menuiserie. Ils reconnaissent dans les résidus le visage que l’univers des choses leur présente à eux seuls. Ils les utilisent moins pour imiter les œuvres des adultes que pour instaurer une relation nouvelle, changeante, entre des matières de nature très différente, grâce à ce qu’ils parviennent à en faire dans leur jeu. Les enfants créent ainsi eux-mêmes leur monde de choses, petit monde dans le grand.

W. Benjamin (Sens unique, trad. J. Lacoste, Les Lettres Nouvelles / M. Nadeau, 1978, p. 161)

Photographie, par Cléo

Photographie, par Cléo

1

      C’est une image qu’elle m’apporte en rentrant à la maison.
      C’est sa première image, me dit-elle. Ses yeux brillent.
      Elle veut me raconter. Comment a-t-elle fait ?
      Elle veut me dire ce que ça veut dire pour elle.
      Elle me parle, elle essaie de donner un sens à cela.
         Elle a 9 ans
            et le temps de revenir sur nos mots, de regarder
      avec nos mots.

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28 Jan. 2014 | Feuille de route | 2

FEUILLE (DE ROUTE) une feuille, quelques routes

Feuille de route

Eduardo Jorge (à gauche) & Pedro Araya. Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume 2014

Ceci est une invitation, la nôtre, à vous, lecteurs ; elle vient en réponse à l’invitation faite par le Jeu de Paume de nous héberger pour quelques mois. Ceci est une invitation qui se veut aussi une feuille, une feuille de route, de quelques routes.

Nous sommes des invités étrangers dans une maison qui n’est pas la nôtre. Qu’est-ce qu’un invité étranger ? Ce motif vient de Goethe ainsi que d’une conversation avec la philosophe portugaise Maria Filomena Molder. Le statut d’étranger est quelque chose qui viendrait de la maison elle-même.

Nous sommes des étrangers, nous sommes des invités. Voilà la situation de départ ; situation que nous avons voulu mettre littéralement en lumière – notre situation mais aussi celle de quelques images, celles que nous avons rencontrées, trouvées. Probablement, ces images ont aussi un petit accent et un chez-soi, inclus en elles. Elles sollicitent le séjour de nos regards, elles sont une expérience qui prend pied dans une oscillation, un rythme. Ce qu’on y trouve ? Peut-être une cartographie, voire une chorégraphie faite de quelques gestes à la fois poétiques et politiques. La chorégraphie d’un chiffonnier.

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