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Einstein on the Beach


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Einstein on the Beach est le titre énigmatique et provocateur d’une œuvre du compositeur Philip Glass et du plasticien et metteur en scène Robert Wilson. Créée au festival d’Avignon en 1976, elle revisita les codes de l’Opéra traditionnel.

« Le théâtre ne devrait jamais commencer ou s’arrêter, c’est une ligne continue. » Robert Wilson 1



Couverture de Einstein on the Beach de Robert Wilson et Philip Glass, Éditions Dilecta 2012 © Luc Paris / Editions Dilecta


La scénographie et la mise en scène de Robert Wilson étaient totalement novatrices. Scénographie épurée dans laquelle le travail sur la lumière avait une place majeure et choix de mise en scène surprenants — au moment de l’entrée des spectateurs, les artistes étaient déjà sur scène et pendant la représentation, les spectateurs étaient libres d’aller et venir…

Philip Glass composait là son premier opéra, mêlant synthétiseurs et instruments classiques. Une musique hypnotique, des mélodies simples, reprises avec un changement subtil. Le cœur chantait exclusivement des nombres et les noms de notes de solfège en français.

« C’est une écoute où, psychologiquement, vous croyez être exactement au même endroit, mais où, en réalité, vous vous déplacez pour rester au même endroit – c’est comme nager sur place dans une piscine. Si vous cessiez vos battements, vous couleriez au fond. En réalité vous bougez sans arrêt. » Philip Glass2

Einstein on the Beach de
Robert Wilson et Philip Glass, Acte II Scène 3A Field (Space Machine) © Luc Paris / Éditions Dilecta


La chorégraphie d’avant-garde – Andy Degroat pour les mouvements d’ensemble et Lucinda Childs pour ses propres solos – avait suivi le même mouvement. Elle était basée sur un mode constant de répétitions avec d’imperceptibles variations.

Comprenant quatorze photographies de différentes représentations de l’opéra (en 1976, 1984, 1992, 2012), l’ouvrage nous retransmet des documents inédits, notamment le carnet original de croquis de Bob Wilson et son story-board annoté par Philip Glass, ainsi que la fac-similé d’un texte de Philip Glass qui montrent comment l’opéra s’est construit dans l’espace et dans une étroite collaboration entre le compositeur et le metteur en scène. Ils travaillèrent avec une approche du temps particulière, faisant référence à la théorie de la relativité d’Einstein dans laquelle la perception du temps est un élément fondamental.

Robert Wilson, Dessin préparatoire pour l’Opéra Einstein on the Beach, 1976


Robert Wilson et Philip Glass avaient cherché un titre s’appuyant sur une personnalité phare du XXe siècle, ils avaient d’abord pensé à Charles Chaplin, Gandhi… pour finalement choisir Einstein. Le propos de l’opéra est une réflexion sur la modernité, s’inspirant du roman de Nevil Schute On the Beach, qui évoque la destruction nucléaire de l’humanité. Le texte reste très actuel dans la période fortement troublée que nous traversons. Einstein on the Beach opéra culte, œuvre audacieuse visuellement et musicalement, a laissé son empreinte sur les décennies suivantes. En 2019, le spectacle a été réinterprété en version concert par la chanteuse américaine Suzanne Véga, avec une mise en scène de Germaine Kruip… La fascination reste intacte.



Nathalie Laberrigue

Einstein on the Beach / librairie

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