— Bibliothèque idéale
Subodh Gupta :
« Adda / Rendez-­vous »


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« Je considère depuis toujours que la cuisine est un espace profondément spirituel ». Subodh Gupta



Couverture du catalogue de l’exposition « Subodh Gupta, Adda / Rendez-vous » à la Monnaie de Paris du 13 avril au 26 août 2018, Editions Skira, Paris, 2018.1



Bidons de lait accrochés à des vélos dorés, ustensiles de cuisine étincelants composant une sculpture, vaisselle dans laquelle se reflètent les étoiles, les créations de Subodh Gupta révèlent la beauté et la spiritualité des objets du quotidien.

Subodh Gupta, artiste indien qui vit et travaille à Delhi, s’exprime à travers différents médiums – peinture, sculpture, vidéo, installation. La cuisine occupe une place primordiale dans ses créations.

Subodh Gupta utilise de la vaisselle ancienne, et à partir de 1996, intègre dans ses œuvres des ustensiles en acier inoxydable. Ces objets sont présents dans la majorité des foyers indiens, même si certains ne peuvent les remplir de nourriture.

Par l’accumulation, l’artiste transforme ces ustensiles en sculptures ou en installations. Un souffle jaillit de ces objets, témoins de ceux qui les ont manipulés. La matière engendre une énergie nouvelle, matérialisée dans certaines œuvres par la présence de l’eau et du son. Dans le travail de Gupta, le passé chuchote et se transforme.

« L’artiste utilise les médiums les plus concrets et les plus rudimentaires, parfois même les plus triviaux, afin d’amener le spectateur à percevoir la sensibilité et l’esthétique contenues dans l’irruption d’une humanité inédite et première. Il cherche à exprimer ce quelque chose antérieur à l’art qui est la vie. »
Germano Celant, « Subodh Gupta » 2018

Dans la partie de l’exposition « Les dieux sont dans la cuisine », les œuvres explorent différents aspects de l’alimentation.

Pour Gupta, l’exposition est un lieu de rencontres, d’échanges et de débats. Dans un espace évoquant une maison, aux murs composés d’ustensiles de cuisine, l’artiste prépare lui-­‐même un repas qu’il offre en partage aux visiteurs.

La vidéo Spirit Eaters (Mangeurs d’esprits) de 2012, prend sa source dans un rite ancestral indien. En hommage à la personne décédée, des hommes font un repas pantagruélique afin de nourrir le divin.

Dans l’installation Faith Matters (La foi est importante), 2007-­‐2008, de traditionnelles boîtes à repas, tiffin dabba, posées sur un circuit mécanique tournant à vide, évoquent le transport mondial alimentaire, en se référant à la route de la soie.

« Ainsi les dieux ne sont pas morts. Ils sont toujours affamés, comme nous le sommes. […] Nous cuisinons le monde, et de ce fait le mangeons, mais le surchauffons aussi. » Bhrigupati Singh, dans « Subodh Gupta », 2018.

Le partage, la spiritualité, la fusion des contraires (vide/plein, raison/inconscient, esprit/corps…) et bien d’autres thèmes encore dont l’exil et la migration, sont présents dans les créations de Subodh Gupta.

Cependant la cuisine insuffle une énergie vitale et passionnée dans l’œuvre de cet artiste aux multiples talents.


Nathalie Laberrigue




« Subodh Gupta », le catalogue de l’exposition

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