Luigi Ghirri voyageait le plus souvent dans un mouchoir de poche, lors de brèves excursions à quelques kilomètres de chez lui, comme il l’écrit dans son essai « Paysages de carton » en 19731. Cette même année, il réduit le mur d’enceinte du circuit automobile de Modène et ses affiches publicitaires à un leporello (livre accordéon) intitulé Km 0,250. Puis il condense son trajet radicalement avec sa série désormais célèbre « Atlante », dans laquelle il explore les pages intérieures d’un atlas.
Néanmoins, il arrivait que Luigi Ghirri voyage “réellement” et rapporte quelques photographies d’ailleurs, loin de son Émilie-Romagne natale, comme le montrent les légendes des images commentées par Cécile Tourneur et Ève Lepaon [agrandir les images ci-dessus], conférencières et formatrices au Jeu de Paume. En général, il s’agissait de voyages de vacances, en Corse ou en Suisse par exemple, ou bien de déplacements professionnels à l’occasion d’expositions auxquelles il participait, notamment en Autriche, au Forum Stadtpark de Graz en 1976, puis à Salzburg lors d’une exposition collective consacrée à la jeune photographie européenne en 1978. Mais in fine Luigi Ghirri, par des jeux d’échelle, de duplication ou de recouvrements d’images, brouille les cartes géographiques et le lieu où il réalise la photographie passe au second plan. Les déplacements sont avant tout poétiques et s’opèrent entre plusieurs strates de réel, entre les choses et les images à travers et par lesquelles Luigi Ghirri inscrit le mouvement de sa pensée.
Luigi Ghirri. La carte et le territoire.
La sélection de la librairie.
Dossier documentaire
References