La performance de Violaine Lochu, Archivox, s’est déroulée au Jeu de Paume le 16 janvier 2018, dans l’exposition d’Ali Kazma “Souterrain”, avec la complicité de ce dernier. Ali Kazma, qui a filmé à travers le monde des activités humaines, des matériaux et des environnements divers (“naturels”, industriels ou institutionnels) dans leur processus de transformation, a volontiers coupé le son de ses vidéos pour qu’une autre voix s’installe parmi les images, confirmant son goût de l’expérience et son intérêt pour une méthode d’observation empirique : qu’advient-il de ses films quand la voix de Violaine Lochu soulève dans l’espace les matières sonores qu’elle-même a entendues, recueillies, collectées consciencieusement à travers ses voyages, ses explorations, ses rencontres, et qu’elle réinterprète à la lumière des vidéoprojecteurs ?
La performance vocale et corporelle a modifié la présence des images. Tantôt très proche, comme une nouvelle bande son pour les œuvres d’Ali Kazma, tantôt dans un tourbillon vertigineux, comme si les éléments s’emportaient, comme si quelque chose déraillait dans la logique visuelle, Archivox a recouvert les salles d’exposition d’une nouvelle cartographie sonore. Un jeu de transparences avec la cartographie de ce monde qu’Ali Kazma ne cesse d’enrichir, à la surface du globe mais aussi dans ses profondeurs… Archivox a produit de nouvelles interactions dans l’espace d’exposition. Violaine Lochu à modifié les forces en présence, en créant de nouvelles tensions ou vibrations entre le son et l’image.
Violaine Lochu classe, archive, ordonne les matériaux qu’elle recueille, mais l’anarchie est toujours présente quelque part. Une place est laissée à l’improvisation quand elle se fraie un chemin parmi le public comme un oiseau courroucé, ou quand les vidéos en boucles d’Ali Kazma se recomposent indéfiniment dans le temps, selon de nouvelles associations. Des forces contraires s’hybrident, fusionnent et reconduisent la représentation d’un espace mutant.
Violaine Lochu s’est aussi inspirée des sons et des ambiances recueillies par Ali Kazma pour ses films et comme le montre la partition qu’elle distribuait au public, elle partage avec lui un goût pour la multiplicité des formes et des relations environnementales : Archivox a ajouté de la matière à la représentation du monde, et produit, au sein de l’exposition une nouvelle représentation de l’entropie du vivant.
Adrien Chevrot
Violaine Lochu, Archivox, livret de partitions (extrait), Graphisme Christophe Hamery 24 pages, 21 x 29.7cm, 2018
Violaine Lochu / site officiel
Exposition “Ali Kazma. Souterrain”
Violaine Lochu / Prix AWARE 2018