— Rencontre
Politiques d’une série : l’Amérique de Mad Men


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Ce nouveau séminaire sur les séries télévisées a un objet à la fois plus et moins précis que le précédent. Alors que « Des/chaînes » était consacré aux procédures et aux techniques du genre, « Politiques d’une série : l’Amérique de Mad Men » ne traite que d’une série. Diffusé sur AMC entre 2007 et 2015, Mad Men est vite devenu un phénomène culturel mondial sans équivalent. Les raisons sont nombreuses. Elles tiennent au charisme de Jon Hamm dans le rôle de Don Draper, publicitaire énigmatique et séducteur, au soin apporté à la reconstitution – le récit va de 1959 à 1972 –, ainsi qu’à une description particulièrement fine d’une société à la fois éloignée et proche de la nôtre.



1. Elisabeth Bronfen : “L’homme qui tombe”

Elisabeth Bronfen débute son ouvrage consacré à Mad Men par une longue et profonde analyse du générique animé, qui montre un homme tombant au milieu de buildings et d’images publicitaires. Regarder ce générique, écouter son analyse par Elisabeth Bronfen — laquelle insiste sur le rêve américain, l’idée de renaissance, de projection… — puis en discuter avec elle est la meilleure façon d’inaugurer ce séminaire.



Elisabeth Bronfen est professeure d’anglais et d’études américaines à Zürich et à New York. Spécialiste de la littérature du XIXe et du XXe siècle, elle a publié de nombreuses articles sur la psychanalyse, le cinéma et la culturevisuelle. Elle est l’auteure de plusieurs livres dont Over Her Body: Feminity, Death and the Aesthetic (Manchester University Press, 1992), Night Passages: Philosophy, Literature and Film (Columbia University Press, 2013) et Mad Men, Death and the American Dream (Diaphanes, 2016).



2. Sylvie Laurent : Equal opportunities ?

Quelle est la place de la minorité noire dans Mad Men ? L’américaniste Sylvie Laurent répond à cette question en analysant la façon dont la série traite de la lutte pour les droits civiques et, particulièrement, de l’assassinat de Martin Luther King, et en confrontant ces représentations à celles que proposent d’autres séries, films ou livres, ainsi qu’à des faits divers ayant récemment secoué l’actualité américaine.



L’invitée : Américaniste, chercheuse à Harvard, enseignante à Sciences-Po, Sylvie Laurent présente régulièrement des chroniques sur la société américaine sur Arte dans 28 minutes. Elle est l’auteur de Homérique Amérique (Seuil, 2008), Poor White Trash (PU Paris- Sorbonne, 2011), Martin Luther King, une biographie intellectuelle et politique (Seuil, 2015) et La couleur du marché : Racisme et néolibéralisme aux États-Unis (Seuil, 2016).



3. Ariane Hudelet : Juke-box

Selon une tradition initiée par Les Soprano, chaque épisode de Mad Men se clôt en musique, par une chanson célèbre ou méconnue, présentée dans sa version originale ou dans un enregistrement rare. Ariane Hudelet présentera et analysera certains de ces choix hautement significatifs, tout au long d’une séance spécialement musicale.

L’invitée : Ariane Hudelet est maître de conférences à l’Université Paris Diderot. Elle a soutenu une thèse sur les adaptations filmiques des romans de Jane Austen et codirige la revue en ligne TV/ Series. Elle travaille sur les séries américaines et vient de consacrer un ouvrage à The Wire (PUF, 2016). Elle a publié un texte sur les séries américaines et un sur Mad Men dans L’Amérique des images. Histoire et culture visuelle des États-Unis (Hazan, 2013).



4. Romain Huret : Peggy Olson, la célibataire

Dans la perspective du livre qu’il prépare sur les célibataires américains, Romain Huret intervient sur le personnage extraordinaire à tous égards de Peggy Olson — interprétée par Elisabeth Moss —, seule femme de la série à n’être pas mariée. À partir du personnage de Peggy, c’est de la place des célibataires dans une société américaine dominée, hier et aujourd’hui, par le modèle familial, que parle notre invité.

L’invité : Romain Huret est historien des États-Unis, spécialiste des inégalités économiques et sociales. Il est l’auteur de La fin de la pauvreté ? Les experts sociaux et la Guerre contre la pauvreté aux États-Unis (1945-1974) (Ed. de l’EHESS, 2008), Les conversateurs américains se mobilisent : l’autre culture contestataire (dir., éd. Autrement, 2008) et Katrina 2005 : l’ouragan, l’État et les pauvres (Ed. de l’EHESS, 2010).



5. Emanuele Coccia : Publicité de la publicité [5/6]

Mad Men met en scène le monde de la publicité d’une manière fictionnelle qui s’inspire de campagnes historiques — tabac, automobile, pharmacie… —, de figures importantes du métier — Leo Burnett ou David Ogilvy — ou encore des travaux de théoriciens comme Ernest Dichter. Quelle publicité est-il fait ici de la publicité, selon quelles réécritures, quelles stratégies de marketing ou au contraire de dénigrement ? C’est le thème dont traite Emanuele Coccia.

L’invité : Emanuele Coccia est philosophe et maître de conférences à l’EHESS. Il est l’auteur de La Vie sensible (Rivages, 2010), La Vie des plantes — Une métaphysique du mélange (Rivages, 2016) et d’un livre sur la publicité, Le Bien dans les choses (Rivages, 2013).





Plus d’informations sur le séminaire
L’Amérique de Mad Men / Le choix de la librairie