Pour ce meeting point estival, Shelley Rice a profité du passage à Paris de Quentin Bajac, conservateur en chef de la photographie au MoMA, depuis maintenant un an et demi, pour prendre de ses nouvelles, mais aussi s’entretenir de l’histoire de la photographie au sein de cette institution et savoir quelle vision et quels projets il entend développer.
Si le département photo du MoMA a connu une grande stabilité depuis les années 1940 avec seulement cinq directeurs à sa tête, à savoir Beaumont Newhall, Edward Steichen, John Szarkowski, Peter Galassi et désormais Quentin Bajac, ce dernier ne manque pas de souligner la diversité des parcours et des visions de ses prédécesseurs. Il souhaite entre autre poursuivre l’ouverture à la photographie non-américaine initiée ces dernières années par Peter Galassi, en particulier pour la période contemporaine. Mais il entend également tenir compte davantage de la dimension protéiforme de la photographie au cours de cette dernière décennie, c’est à dire de son ouverture sur d’autres pratiques et médiums artistiques, sur d’autres techniques ou technologies, et in fine, sur des modes de diffusion aujourd’hui très variés (le livre, la projection, l’exposition, le web…). Cela pourrait donc se traduire par un certain décloisonnement des galeries au sein du MoMA, afin de permettre plus d’échanges entre les départements et leurs collections, dans le cadre d’espaces « mixtes » par exemple. Quentin Bajac souhaite également trouver un nouvel équilibre entre les expositions monographiques et les expositions dites « thématiques », en laissant plus de place à ces dernières. Un engagement dont il rend compte dés le début de sa programmation avec l’exposition “A World of Its Own: Photographic Practices in the Studio,” une réflexion sur le studio comme espace de création autonome dont le paradigme a pu évoluer au fil du temps : scène théâtrale, laboratoire, espace de jeu… Enfin, il évoque la programmation « New Photography » qui fêtera ses 30 ans en 2015 : l’événement pourrait évoluer vers la forme d’une Biennale, proposant une sélection d’artistes contemporains plus étoffée et plus ouverte sur le monde.
De manière plus générale, Shelley Rice et Quentin Bajac montrent comment une histoire de la photographie peut être réévaluée, réécrite dans un dialogue permanent entre les différentes périodes d’une collection américaine riche de plus de 25000 pièces et qui s’étend des débuts de la photographie, fin 1830, à la création contemporaine.
Né en 1965 à Paris, Quentin Bajac est conservateur de musée et historien de l’art spécialisé dans l’histoire de la photographie.
Diplômé de l’Institut national du patrimoine, il est nommé conservateur de la photographie au Musée d’Orsay en 1995 avant de rejoindre le Centre Pompidou en 2003. Professeur à l’Ecole du Louvre, en charge de la chaire d’Histoire de la photographie, il est nommé, en 2010, chef du Cabinet de la Photographie au Musée national d’Art moderne. En janvier 2013, il devient conservateur en chef de la photographie au MoMA. (source : Wikipedia)
Shelley Rice est professeur à la New York University et enseigne conjointement au sein des départements « Image et photographie » et « Histoire de l’art ». Critique, historienne de la photographie et des arts multi-media, commissaire d’exposition et journaliste, ses articles ont notamment été publiés dans les colonnes de The Village Voice, The Soho Weekly News et Artforum. Elle a écrit plusieurs ouvrages, parmi lesquels Parisian Views, Inverted Odysseys: Claude Cahun, Maya Deren, Cindy Sherman, The Book of 101 Books (ed. Andrew Roth). Actuellement, elle est professeur invitée à l’École Normale Supérieure dans le département d’Histoire & Théorie des Arts.