Pour ce troisième Meeting Point, Shelley Rice s’entretient avec l’architecte et théoricien Bernard Tschumi, à l’occasion de la grande exposition que lui consacre le Centre Pompidou, jusqu’au 28 juillet 2014. Bernard Tschumi évoque notamment l’intérêt de ce travail rétrospectif, en collaboration avec les commissaires Frédéric Migayrou et Aurélien Lemonier, qui permet de remettre en perspective sa pratique de l’architecture, autant que ses réalisations. Des Manhattan Transcripts (1976-1981) au Parc zoologique de Paris (2009-2014) en passant par le Musée de l’Acropole à Athènes (2001-2008), l’exposition illustre surtout les principes qui ont animé l’activité de Bernard Tschumi : l’architecture doit reposer sur des idées et des concepts plutôt que sur des formes ou un style ; elle est indissociable des événements et des mouvements des corps qui l’habitent, d’où la nécessité d’explorer de nouveaux modes de notation pour construire les projections architecturales qui donneront corps à ces interactions entre espace, mouvement et action.
De double nationalité franco-suisse, Bernard Tschumi vit et travaille à Paris et à New York. Son parcours atypique d’architecte prend sa source aussi bien dans l’enseignement que dans la recherche théorique. Après des études d’architecture à l’École Fédérale Polytechnique de Zurich, dont il est diplômé en 1969, il enseigne à « l ’Architectural Association » de Londres de 1970 à 1980, puis à l’université de Princeton (1980-1981) ainsi qu’à la Cooper Union (1980-1983). En 1983, il est le lauréat du concours international de La Villette à Paris. Avec ce projet de cinquante hectares, il démontre son aisance à passer de la théorie à la pratique.
Se référant à d’autres disciplines comme la littérature et le cinéma, il organise et crée un espace urbain d’un type nouveau qui, par sa propre force et sa capacité à accueillir d’autres concepteurs se révèle un lieu particulièrement vivant. Il recevra le Grand Prix d’Architecture en 1996 ainsi que de nombreuses distinctions internationales dont la Médaille d’Or de l’Institut Américain des Architectes de New-York. Il réalise d’autres commandes prestigieuses : le Nouveau Musée de l’Acropole d’Athènes (inauguré en 2009), le MuséoParc d’Alésia (inauguré en 2012), le Studio des Arts Contemporains – Le Fresnoy – à Tourcoing (ouverture en 1997), l’Ecole d’Architecture à Marne la Vallée (ouverture en 1999), et l’école d’Architecture de Miami en Floride (ouverture en 2002) et récemment le Parc zoologique de Paris (2009-2014) ou encore la Salle Philarmonique Carnal Hall au Rosey près de Genève…
Shelley Rice est professeur à la New York University et enseigne conjointement au sein des départements « Image et photographie » et « Histoire de l’art ». Critique, historienne de la photographie et des arts multi-media, commissaire d’exposition et journaliste, ses articles ont notamment été publiés dans les colonnes de The Village Voice, The Soho Weekly News et Artforum. Elle a écrit plusieurs ouvrages, parmi lesquels Parisian Views, Inverted Odysseys: Claude Cahun, Maya Deren, Cindy Sherman, The Book of 101 Books (ed. Andrew Roth). Elle a également participé à des monographies d’artistes contemporains, telles que Vik Muniz: Obras Incompletas, Candida Hofer: In Portugal (avec José Saramago) et plus récemment Xing Danwen qui doit paraître chez Prestel en 2014. Shelley Rice s’est vue décerner successivement les bourses de recherche du programme Fulbright, de la fondation Hasselblad et de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation. Elle a également été lauréate du prix PEN/Jerard et a reçu l’insigne de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2010. En 2012, elle est conviée à tenir un blog pour le magazine en ligne du Jeu de Paume. Actuellement, elle est professeur invitée à l’École Normale Supérieure dans le département d’Histoire & Théorie des Arts.
Liens
Entretien avec Frédéric Migayrou et Aurélien Lemonier / Centre Pompidou
Bernard Tschumi Architects
Sébastien Marot, trois phares de Gordon Matta-Clark