— Portrait filmé
Ai Weiwei : Interlacing [FR\EN]


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Urs Stahel, commissaire de l’exposition et Lucas Lai, artiste et assistant d’Ai Weiwei au sein de Fake Design, présentent l’exposition «  Ai Weiwei : Entrelacs ». À la fois architecte, artiste conceptuel, sculpteur, photographe, blogueur, twitterer, artiste-interviewer et activiste politique, Ai Weiwei est un véritable sismographe des sujets d’actualité et des problèmes de société. En grand partisan de la communication et des réseaux, il œuvre à ce que la vie rejoigne l’art, et l’art la vie. Centrée sur ses photographies et travaux vidéo, « Entrelacs » est la première exposition d’envergure en France consacrée à l’œuvre prolifique, iconoclaste et provocatrice de cet artiste majeur de la scène artistique indépendante chinoise.

Fils du poète Ai Qing, Ai Weiwei est né à Pékin en 1957. Après des études à l’Académie du cinéma de Pékin, il fait partie en 1978, avec d’autres artistes, du collectif The Stars, qui rejette le réalisme socialiste et défend l’individualité et l’expérimentation dans l’art. En 1983, il s’installe à New York, où il étudie à la Parsons School of Design, auprès du peintre Sean Scully. Il découvre des artistes comme Allen Ginsberg, Jasper Johns, Andy Warhol et surtout Marcel Duchamp, important pour lui au titre de sa conception de l’art comme faisant partie de la vie. Ai Weiwei crée ses premiers ready-mades et prend des milliers de photographies documentant son séjour à New York et celui de ses amis chinois également artistes. En 1997, quatre ans après son retour à Pékin, il contribue à la fondation de la galerie China Art Archives & Warehouse, et commence à se confronter à l’architecture. En 1999, il ouvre son propre atelier à Caochangdi puis, en 2003, crée son bureau d’architecture, FAKE Design. La même année, il participe, aux côtés des architectes suisses Herzog & de Meuron, à la conception du stade olympique de Pékin, le fameux « Nid d’oiseau », qui deviendra le nouvel emblème de la ville. En 2007, il crée pour la documenta 12 une œuvre qu’il intitule Fairytale et qui nécessite la venue à Kassel de 1 001 Chinoises et Chinois. En 2010, il installe à la Tate Modern de Londres un grand tapis de forme minimale, composé de millions de graines de tournesol en porcelaine, modelées et peintes à la main par des artisans chinois. Ai Weiwei aborde de front la question des conditions sociales en Chine et dans d’autres pays : il témoigne, au travers de photographies, des démolitions drastiques entreprises à Pékin au nom du progrès ; il adopte, dans Study of Perspective, une attitude irrespectueuse à l’égard des valeurs établies ; il rompt avec le passé dans des œuvres composées de vieux meubles réassemblés. Son credo reste le même : créer de nouvelles possibilités pour le présent et l’avenir, affirmer ses positions grâce aux dizaines de milliers de photographies – souvent prises avec un téléphone portable – et de textes diffusés sur son blog ou par le biais de Twitter. Au cœur de cette exposition s’inscrivent précisément cette diversité, cette multiplicité et cette aptitude de l’artiste à tisser des liens, ces entrelacs et réseaux caractéristiques de sa production, qu’on découvre ici au travers de centaines de photographies et de textes de son blog, mais aussi d’analyses explicatives. Emprisonné par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, toujours interdit de sortie du territoire.

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As an architect, conceptual artist, sculptor, photographer, blogger, Twitterer, interview artist and political activist, Ai Weiwei is a sensitive observer of current topics and social issues: a great communicator and networker who brings life into art and art into life. “Interlacing” is the first important exhibition in France devoted to the prolific, iconoclastic and provocative work of this major figure in the independent Chinese art scene. Ai Weiwei was born in 1957, the son of the poet Ai Qing. Following his studies at the Beijing Film Academy, in 1978 he was part of the artists’ collective The Stars, which rejected Social Realism and advocated artistic individualism and experimentation in art. In 1983 Ai Weiwei went to New York, where he studied at Parsons School for Design in the class of painter Sean Scully. In New York he discovered artists like Allen Ginsberg, Jasper Johns, Andy Warhol and, above all, Marcel Duchamp. Duchamp is important for him for his conception of art as a part of life. At this time, Ai Weiwei produced his first readymades and thousands of photographs documenting his life and friends in the Chinese art community in New York. In 1997, four years after returning to Beijing, he cofounded the China Art Archives & Warehouse (CAAW) and began to tackle architecture as well. Ai Weiwei opened his own studio in 1999 in Caochangdi and set up the architecture pratice FAKE Design in 2003. In the same year, he collaborated with the Swiss architects Herzog & de Meuron in the conception of the Olympic stadium in Beijing, the so-called “Bird’s Nest, which has become a new symbol of the city. In 2007, he created a work entitled Fairytale for Documenta 12, which involved bringing 1,001 Chinese visitors to Kassel. In 2010, he installed a vast, minimalist carpet at the Tate Modern, London, composed of millions of porcelain sunflower seeds, handmade and painted by Chinese craftsmen.

Ai Weiwei deliberately confronts social conditions in China and other countries: through photographs, he documents the widespread demolition of Beijing carried out in the name of progress; in the Study of Perspective series, he adopts a provocative stance with regard to established values; he breaks with the past in works made from reassembled pieces of furniture. His principle is always the same: to create new possibilities for the present and the future, asserting his position through tens of thousands of photographs – often taken with a mobile phone – and texts posted on his blog or on Twitter. This exhibitions focuses precisely on Ai Weiwei’s diversity, complexity and his ability to create links, the “interlacing” and “networking” typical of his output, that one can discover here through hundreds of photographs and text blogs, as well as in explanatory essays. Imprisoned by the Chinese authorities on 3 April 2011, released under bail on 22 June, Ai Weiwei is, at the time of writing, still forbidden to leave the country.



Liens

«  Ai Weiwei : entrelacs » au Jeu de Paume
Catalogue de l’exposition