— Parole en jeu


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CLAUDE CAHUN, FRAGMENTS


La mort de Narcisse m’a toujours paru la plus incompréhensible. Une seule explication s’impose : Narcisse ne s’aimait pas. Il s’est laissé tromper par une image. Il n’a pas su traverser les apparences. S’il eût aimé un visage de nymphe au lieu du sien, sa mortelle impuissance fût demeurée la même.

Mais s’il eût su s’aimer par-delà son mirage, son sort heureux eût été, digne de l’envie des siècles, le symbole du paradis vital, le mythe de l’homme privilégié.

Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930


Entre mon miroir et mon corps, raccourcir la laisse.

– Et maintenant, à nous deux.

Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930

Moi ! – très modeste Narcisse. Je vous expliquerai mon self-love… C’est du faux. Pur stoïcisme, fierté peut-être… En réalité, j’ai grand besoin des autres.

Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930.

 

Les signes ont-ils un sexe ? Mon multiple est humain. Un signe hermaphrodite ne suffirait pas à le rendre (à lui rendre justice).

Claude Cahun, Confidences au miroir, 19349-1952.


« Je ne voudrais coudre, piquer, tuer, qu’avec l’extrême pointe. Le reste du corps, la suite, quelle perte de temps ! Ne voyager qu’à la proue de moi-même. »

Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930


« Brouiller les cartes. Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S’il existait dans notre langue on n’observerait pas ce flottement de ma pensée. Je serais pour de bon l’abeille ouvrière. »

Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930


 

Bibliographie / Liens

Claude Cahun, Aveux non avenus, Ed. Mille Et Une Nuits, 2011