— En images
Les mannequins
de Germaine Krull


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Germaine Krull

Germaine Krull, “étalage : les mannequins”, 1928. Amsab-Institut d’Histoire Sociale, Gand © Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen



Bien que Germaine Krull ne fréquente pas du tout les cercles surréalistes, certains de ses clichés se rapprochent, par leur sensibilité ou leur sujet, de ce courant essentiel de la vie artistique parisienne de la fin des années 1920. En effet, à l’instar des surréalistes, Germaine Krull voue une certaine fascination aux vitrines des magasins et aux mises en scène improbables qui peuvent y surgir. Ici, ces mannequins stylisés, semblent offrir une chorégraphie de cabaret à un public absent. Leurs chaussures à talon et l’allure maniérée de leurs postures paraissent inadaptées à leurs silhouettes humanoïdes qui évoquent le robot du film Metropolis de Fritz Lang tourné l’année précédente. Insatiable observatrice du quotidien, Germaine Krull s’émerveille des incongruités et des rencontres fortuites que la photographie participe à révéler. Usant d’un cadrage qui contribue à décontextualiser le sujet et jouant souvent de l’automatisme de l’appareil, elle s’avère proche d’une forme de surréalisme qui cherche à dévoiler, à travers les images, la manière dont le monde moderne fait cohabiter les contraires.



Ève Lepaon