— Portrait filmé
Nguyen Trinh Thi


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Avec Lettres de Panduranga (2015), commandée dans le cadre de la programmation Satellite 8, Nguyen Trinh Thi, vinéaste et plasticienne née en 1973 à Hanoï, prolonge ses expérimentations à la frontière du documentaire et de la fiction. Elle présente ici sa dernière pièce vidéo comme un essai filmique, réalisé avec des villageois de l’ethnie cham vivant dans le dernier et le plus méridional territoire de l’ancien royaume de Champa. Celui-ci, fondé voici près de deux mille ans, a été annexé en 1832 par le royaume du Dai Viêt (l’actuel Vietnam). La province de Ninh Thuân, qui portait autrefois le nom de Panduranga, est le centre spirituel de l’antique culture matriarcale cham.

Lettres de Panduranga trouve sa source d’inspiration dans le projet du gouvernement vietnamien de construire d’ici 2020, dans la province de Ninh Thuân, les deux premières centrales nucléaires du pays. Le débat public relatif à ce programme a été quasi inexistant au Vietnam : l’État exerce en effet un contrôle strict sur les activités des médias ainsi que sur les possibilités d’expression de l’opinion publique et a exclu des consultations les collectivités locales concernées.

Si Lettres de Panduranga est tout d’abord conçu comme un portrait des Cham du Vietnam confrontés à des circonstances qui menacent leur existence même, l’œuvre a également évolué, par voie de conséquence, en un portrait de l’artiste en vidéaste. « En tant qu’artistes, explique-t-elle, nous sommes animés par deux désirs contradictoires : celui de nous engager, mais aussi celui de disparaître. » Tandis que nous découvrons les portraits individuels et de groupes filmés au plus près, les magnifiques paysages maritimes et terrestres de la région, des espaces et des rituels sacrés ou profanes soigneusement cadrés, un homme et une femme anonymes lisent en voix off les lettres qu’ils se sont adressées l’un à l’autre.

En savoir plus sur l’exposition

Nguyen Trinh Thi (born 1973, Hanoi) is an artist and filmmaker. Nguyen’s Letters from Panduranga (2015), extends her experimentation between documentary and fiction in an essay film portraying a Cham community living on the most southern and last surviving territory of Champa, an ancient kingdom dating back nearly two thousand years and conquered by Dai Viet (current day Vietnam) in 1832. The area of Ninh Thuan, once known as Panduranga, is the spiritual center of the Cham’s ancient matriarchal culture.

Letters from Panduranga was initially inspired by the fact that the Vietnamese government is to build Vietnam’s first two nuclear power plants in Ninh Thuan by 2020. Public discussions regarding the project have been largely absent in Vietnam due to strict government controls over public speech and media; and local communities have also been excluded from consultations.

Through a network of Cham scholars, Nguyen Trinh Thi spent a number of residency periods in Ninh Thuan between 2013 and 2015. With each stay, she struggled with questions of accessibility, of representation, of documentation, and of speaking on behalf of the other. Thus, while Letters from Panduranga began as a portrait of the Cham in Vietnam under circumstances that threaten their very existence, it also became a portrait of the artist. Nguyen says, “As artists, we have contradictory desires: to be engaged, but also to disappear.” As we are treated to intimate portraits of individuals and communities, beautiful panoramas of the sea and land, careful frames of sacred and leisurely spaces and rituals, we listen to a voiceover narration from an unidentified female and male reading the letters they have written to one another.

About the exhibition