[stream flv=x:/012fae3308.url-de-test.ws/wp-content/uploads/PORTFOLIO/FRANCOISE DOCQUIERT/Khaled Jarrar/ISoldierBD.flv img=x:/012fae3308.url-de-test.ws/wp-content/uploads/PORTFOLIO/FRANCOISE DOCQUIERT/Khaled Jarrar/Jarrar169.jpg hd=x:/012fae3308.url-de-test.ws/wp-content/uploads/PORTFOLIO/FRANCOISE DOCQUIERT/Khaled Jarrar/ISoldierHD.flv mp4=x:/012fae3308.url-de-test.ws/wp-content/uploads/PORTFOLIO/FRANCOISE DOCQUIERT/Khaled Jarrar/ISoldieriphone.mp4 embed=false share=false width=450 height=253 dock=true controlbar=over bandwidth=high autostart=false /]
Quoi de plus surprenant que de voir dans une galerie des timbres postes et un artiste militaire de carrière ? En général, je n’ai pas d’empathie pour les armées quelles qu’elles soient. Mais j’ai eu un vrai coup de foudre pour Khaled Jarrar représenté par Bernard Utudjian, directeur de la galerie Polaris.
Pour moi, Kahled Jarrar est un artiste de talent mais il est à part et pour plusieurs raisons : il est palestinien et ne cherche pas à s’éloigner de son pays d’origine — il vit et travaille à Ramallah —. Il est plasticien et est capitaine de la garde palestinienne non armée. Si, dans son oeuvre, le souci politique est affirmé — chaque pièce ravive la pratique d’un art critique qui tourne en dérision toute forme de domination —, les moyens employés sont souvent de l’ordre du sensible. Ses oeuvres sont un terrain de prédilection pour penser, analyser, articuler son propos.
L’élément majeur de son registre est sa terre, la Palestine. Jarrar décline cette thématique de l’isolement d’un pays dans toute son oeuvre — performance, vidéo, photographie, sculpture — et avec des propositions qui attestent de sa foi dans des images capables de montrer des formes de l’oppression.
En 2009, Voyage 110 – Journey 110 décrit concrètement le passage d’hommes et de femmes palestiniens de l’autre côté du mur entre Jérusalem et la Cisjordanie en empruntant un tunnel clandestin. Un documentaire brut sans concession. Sa plus récente création Infiltrators primée deux fois au Festival international de Dubai 2012, reprend la même thématique mais sous la forme d’un long métrage de 70 mn.
2011 : Soldier, Khaled Jarrar s’affranchit de la narration pure. Filmée en contre-plongée, cette parade militaire apparaît comme un bloc homogène en mouvement niant toute individualité et est, de fait, effrayante. Un cadre conceptuel jouant sur les ombres et la géométrie des formes donne sa force à l’oeuvre.
Avec certaines de ses pièces, Khalled Jarrar préfère la dérision : ironie de la vidéo Wet Suit où un homme en tenue de plongée cherche de l’eau dans les rues de Ramallah quand ce liquide est presque de l’or noir pour ses habitants. A la Fiac 2012, c’est une balle de football en ciment qui faisait l’événement : il avait été prélevé par l’artiste sur le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie.
30 novembre 2012 : L’Assemblée générale des Nations Unies vient d’accorder à la Palestine le statut d’Etat non membre observateur. Une date importante pour Khaled Jarrar dont une des propositions artistiques semble avoir anticipé cet événement majeur. Début d’années 2010, il crée des timbres « State of Palestine » en utilisant les programmes des postes permettant de réaliser des vignettes à la demande. Acceptés par les postes néerlandaises et allemandes, ils seront refusés par la France. Il invente également un tampon fictif de l’Etat palestinien qu’il appose sur les passeports de touristes (consentants) à Paris pendant la Fiac 2011 et à Berlin pour la Biennale 2012 et qu’il a réalisé dans un premier temps à la station de bus (West Bank) de Ramallah en 2011.. Avec ces deux pièces, Jarrar sort des lieux traditionnellement dédiés à l’art pour interpeller directement le spectateur.
Car l’énergie politique de l’ensemble du travail de cet artiste prolixe ne tient pas uniquement à ses sujets mais aussi aux émotions qu’ils suscitent, nous plaçant au voisinage d’une souffrance autre, d’un monde autre. Si ses oeuvres renvoient à des problèmes d’actualité, leur efficacité vient surtout du fait qu’elles nous offrent la possibilité de faire partie du monde qu’elles nous font voir et d’y trouver une place. J’y vois là l’intelligence d’un travail jouant sur
le face à face constant oeuvre/spectateur et dont l’auteur est un protagoniste actif de l’histoire de son pays.
Françoise Docquiert, 2012
Khaled Jarrar est né à Jenin en Palestine. Il travaille d’abord comme charpentier à Nazareth en Israël, une tradition dans sa famille de père en fils. Il intègre l’Ecole de Design de Naplouse et fait partie de la première promotion de l’Ecole des Beaux Arts de Ramallah dont il sort diplômé en 2011. Dans le cadre du 9ème Festival international du film de Dubai 2012, il vient de recevoir deux prix pour son film « Infiltrators » : meilleur documentaire pour le Prix international de la Critique des films arabes attribué par la Fédération internationale des critiques de films et le Prix spécial du Jury.
Parallèlement à son travail d’artiste, Khaled Jarrar est capitaine de la garde présidentielle (non armée) palestinienne. Khaled Jarrar vit et travaille à Ramallah.
Liens
Khaled Jarrar, Galerie Polaris
Khaled Jarrar, L’art après les armes