— Portrait filmé
Filipa César : « Luta ca caba inda » (FR/EN)


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Avec « Luta ca caba inda (La lutte n’est pas finie) », l’artiste portugaise Filipa César prolonge au Jeu de Paume son projet de recherche lancé en 2008 sur les origines de la production cinématographique en Guinée-Bissau.

L’origine du cinéma guinéen remonte à la guerre d’indépendance menée contre le Portugal de 1963 à 1974. Le leader indépendantiste Amílcar Cabral décide alors d’envoyer à Cuba quatre jeunes guinéens : Flora Gomes, Sana na N’Hada, Josefina Crato et José Bolama Cobumba se rendent au célèbre ICAIC (Institut Cubain de l’art et de l’Industrie Cinématographique à Bissau) pour se former à la réalisation de films. Amílcar Cabral conçoit en effet le cinéma comme un outil politique puissant, capable d’écrire l’histoire d’une Guinée unie et nouvellement libérée.

C’est lors d’un voyage en Guinée-Bissau que Filipa César découvre l’existence de ces quelques films archivés à l’INCA (Instituto Nacional do Cinema e Audiovisual da Guiné-Bissau). En s’apercevant que ces archives, uniques et inexplorées, mais laissées à l’abandon, sont menacées de disparition par le « syndrome du vinaigre », elle décide de les intégrer à sa démarche artistique. Grâce à une collaboration entre les réalisateurs Flora Gomes, Sana na N’Hada et Suleimane Biai, l’INCA, l’Arsenal de Berlin et le Jeu de Paume, ainsi qu’au soutien du ministère allemand des Affaires étrangères, son projet a permis de sauver ces films 16 mm en les numérisant.

Pour l’exposition au Jeu de Paume, Filipa César présente sur la mezzanine une « carte mentale » de ces archives, spatialisant, sur le modèle du relevé de terrain géologique, la provenance des divers films et leur année de réalisation. À l’étage inférieur, dans le foyer, elle propose une courte vidéo, sorte d’essai performatif filmé qui intègre des photogrammes issus de ces archives, dont l’histoire est racontée par les voix de l’actrice Joana Barrios, du réalisateur Suleimane Biai et de l’acteur Carlos Vaz, actuel directeur de l’INCA. Son projet constitue ainsi une réflexion sur l’exhumation de cette mémoire cinématographique, et sur le recoupement entre faits et fictions, récits personnels et collaborations.

With her exhibit at Jeu de Paume, “Luta ca caba inda” (The struggle is not over), Portuguese artist Filipa César continues the research into the origins of cinema in Guinea-Bissau which she began in 2008.
The origins of Guinean cinema can be traced to the war of independence against Portugal, from 1963 to 1974. During these years, the independentist leader Amílcar Cabral sent four young Guineans, Flora Gomes, Sana na N’Hada, Josefina Crato and José Bolama Cobumba, to the famous ICAIC (Instituto Cubano del Arte y la Industria Cinematográficos) in Cuba to learn how to make films. Cabral saw that cinema could be a powerful political tool, capable of writing the history of a united and newly liberated Guinea.
Filipa César discovered the films they made in the archives of the Instituto Nacional do Cinema e Audiovisual da Guiné-Bissau (INCA) when travelling in the country. Realising that these unique but unexplored and neglected films were at risk of disintegrating (the “vinegar syndrome”), she decided to incorporate them into her artistic work. With the cooperation of the directors Flora Gomes, Sana na N’Hada and Suleimane Biai, INCA, the Arsenal in Berlin and Jeu de Paume, and the support of the German ministry of foreign affairs, she has managed to save these 16 mm films by having them digitised.

For the exhibition on the mezzanine at Jeu de Paume, Filipa César is presenting a “mental map” of these archives, offering a spatial representation, based on the model of the geological survey map, showing the origins of the different films and the years they were made. On the lower floor, in the foyer, she is showing a short video, a kind of filmed performance using frames from these archives, the story of which is told by the voices of the actress Joana Barrios, the director Suleimane Biai and the actor Carlos Vaz, current director of INCA. Her project thus constitutes a reflection on the exhumation of this cinematographic memory and on the intersection of fact and fiction, personal narrative and collaboration.

Visuel à la Une du magazine : Josefina Crato in O Regresso de Amílcar Cabral (The Return of Amílcar Cabral), détail, 1976 © INCA Guinée-Bissau, José Bolama Cobumba, Josefina Crato, Flora Gomes, Sana na N’Hada

Biographie

Filipa César est née à Porto en 1975. Elle vit et travaille à Berlin.
Formation
2008 MA Art in Context, UDK, Berlin
1999 Diplômée de la faculté des Beaux-Arts de l’université de Lisbonne
1996 Licence de la faculté des Beaux-Arts de l’université de Porto
Bourses et Prix
2009 BES Photo Prize, Museu Colecção Berardo, Lisbonne
2008 Radius/Research Art Program Artist in Residency, Israeli Center for Digital Art, Holon
2007/08 Fellow Artist, Film & TV School HFF Konrad Wolf, Potsdam
2005 Hauptstadtkulturfonds Berlin, Ringbahn Project, Berlin
2003/04 Bourse de la Fundação Calouste Gulbenkian, Berlin
Expositions personnelles (sélection)
2011 “The Embassy“, Labor Berlin 5, Haus der Kulturen der Welt, Berlin
2010 “Montrage, Solar “- galeria de arte cinemática, Vila do Conde
2009 “The Four Chambered Heart“, Cristina Guerra Contemporary Art, Lisbonne
2008 “Le Passeur,“ Project Room, Ellipse Foundation, Lisbonne
2007 “Allee der Kosmonauten“, Museu Atelier António Duarte, Caldas da Rainha
“Rapport Raccord“, Galeria Espacio Distrito Cu4tro, Madrid
2006 “Filipa César“, Mai 36 Galerie, Zurich
“F for Fake“ et “Ringbahn“, Sint-Lukas Gallery, Bruxelles

Liens

Filipa César : « Luta ca caba inda »
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