21 Mai. 2013 | À propos |
Photo : Lea Crespi
Dans les mois à venir, le blog du Jeu de Paume élargira son champ de débat depuis les pratiques artistiques et culturelles contemporaines vers les politiques du corps, du genre et de la sexualité. Mon projet est d’« installer » dans la chambre digitale d’une institution culturelle, un espace de philosophie et de critique transféministe. Un acte que, compte tenu de la résistance des musées français à recevoir les propositions émanant aujourd’hui des politiques d’insoumission du genre et de la sexualité, j’imagine aussi profane et précaire que l’installation d’une niche de rats dans une salle de sport. Et si je pense aux rats c’est parce que le Jeu de Paume fut, avant de devenir un centre d’art, la plus célèbre salle parisienne de jeu de paume, l’un des plus vieux jeux de raquette, ancêtre de la pelote basque, qui consistait à frapper avec la main une balle faite, comme le veut la légende, d’une peau de rat. Ce fut encore dans une autre salle dédiée au jeu de paume, à Versailles, que le 20 juin 1789, l’Assemblée nationale se déclarait constituante contre la volonté du Roi, initiant ainsi un processus de transformation sociale plus connu sous le nom de Révolution française. Comme le tiers état s’est élevé un jour contre le pouvoir souverain de l’Ancien Régime, partout se lèvent aujourd’hui les rats sans peau du capitalisme cognitif qui appellent à une révolution somato-politique et sexo-sémiotique : pédés, gouines, féministes, junkies, migrants, sans papiers, travailleurs sexuels, handis, séropositifs, transsexuelles et transgenres… le jeu des rats est ouvert. Dans la ratière digitale du Jeu de Paume, la révolte peut commencer.