L’univers de choses de Mathieu Pernot, les jeux de la lumière, les images d’archives, les vies qui palpitent, engagent la force et le mystère de la photographie – sa capacité à saisir ce que l’on ne voit pas, parfois par inattention. L’image photographique peut être considérée comme un cri ultime ; en constatant son impuissance à sauver les choses, elle énonce la fragilité du monde qu’elle fixe dans une image. Faire face au réel, c’est ici s’engager auprès de ce qui risque de disparaître, se défaire de l’alphabet des choses tel qu’on nous l’a inculqué, pour le refaire autrement, et cela maintes fois.
Se déplacer. Migrer. D’un lieu à un autre. D’un document à un autre. De l’un à l’autre, d’un moment, d’un temps, d’une prise, d’une voix, d’un corps à l’autre. D’un regard. Perpétuellement. À chaque fois, par une série. À chaque fois, dans diverses directions. Pour chercher à résonner. Pour y raisonner : pour y déplacer la raison.