PARIS PÉTROLE

Mars 2015. Librairie du beirut art centre (bac), Liban. Les éditions La Fabrique en bonne place. Un signe de l’arrivée de Marie Muracciole à la direction du centre. Elle qui m’a formé lorsque je travaillais au service culturel du Jeu de Paume. Respect à elle d’avoir choisi Beyrouth. En voyant l’énorme volume du Baudelaire de Walter Benjamin, pas de hasard, celui qui a préparé la mise en page de ces millions de notes de bas de page n’étant autre que mon ami Alex, le plus libanais d’entre nous. Les œuvres complètes de Benjamin traduites en arabe, un projet de vie ?

Mars 2015. Archives du musée Sursock, Beyrouth, Liban. Grande chance de pouvoir consulter les archives du musée avant sa réouverture, quelques mois plus tard. Au-delà des catalogues et brochures qui documentent les expositions d’artistes libanais, on trouve aussi les documents de coopération internationale, le musée de Beyrouth accueillant par exemple les artistes irakiens, via la galerie nationale d’art moderne de Bagdad (1965). Souhaitons que le Sursock soit capable un jour de renouer avec l’utopie transméditerranéenne qui l’a vu naître.

Décembre 2016. Dans les archives du MACAM (musée de la sculpture) à Byblos, Beyrouth, Liban. Une énième affiche des fameuses « expositions internationales de l’affiche » de Bagdad. 1982, trois ans après l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein et en pleine guerre Iran-Irak. Presque impossible avec la destruction ininterrompue d’imaginer tous ces affichistes et designers du monde arabe qui se donnaient rendez-vous à Bagdad. Une vie rose comme cette affiche, rose comme l’âge d’or.

Avril 2015. Bibliothèque de la Arab Image Foundation, Beyrouth, Liban. Rayon Dubaï/Egypte. Un magnifique centre de documentation, si on y ajoute leur fameuse réserve photographique du monde arabe, qui donne largement envie de rester à Beyrouth quelques mois. Le sous-titre de l’ouvrage Pearls of Dubaï. Indo-Arab relations 1900-1958 ouvre une nouvelle porte. Si seulement un jour les relations indo-arabes de Dubaï ne se résumaient plus au contingent d’esclaves modernes passant leur existence à lustrer les aéroports et hôtels.

Décembre 2016. Dans les archives du MACAM (musée de la sculpture) à Byblos, Beyrouth, Liban. Un catalogue m’intrigue. Un artiste nommé « Abdell », La Quarta Guerra Punica, Galleria Agora, Palerme (ma ville fétiche), 1991. Je trouve un site internet aux airs défraîchis où il se fait désormais appeler « Douglas Abdell » (la classe…) : « artiste d’origine italo-libanaise né à Boston et vivant en Espagne, cultivant le rêve de l’union des états phéniciens ». Quel tournis. En effet, il a l’air sérieusement mystique. Le style vestimentaire, à la Kanye West, vaut le détour.