Après-images

Sharon Lockhart, Sans titre, 2010. Copyright Sharon Lockhart.

Cet article offre un compte rendu de ‘After Images’, une exposition qui se tient actuellement au Musée Juif de Belgique à Bruxelles (29 avril – 28 août 2011). Même si elle se présente comme un aperçu de l’art américain actuel, elle aborde des thèmes qui touchent également le cœur de l’actualité politique internationale.

Cette vaste exposition réunit une sélection de trente-quatre artistes américains, dont les œuvres sont pour la plupart prêtées par des collectionneurs belges privés. Elle est installée à l’arrière du complexe muséal, dans un bâtiment qui était occupé par la Wehrmacht allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Lorna Simpson, Rassemblement, 2008. Copyright Lorna Simpson et Salon 94, New York.

Pour Fionn Meade, le commissaire invité, le thème général déploie la question de l’excès de représentations visuelles dans la culture contemporaine de l’image. Y sont incluses comme il se doit les œuvres de référence de la génération désormais historique des artistes appropriationnistes tels que Sherrie Levine et des précurseurs tels que John Baldessari.

Louise Lawler, Window, 2003. Copyright Louise Lawler.

Dans le même esprit, l’atmosphère menaçante de Windows (2003) de Louise Lawler est présentée comme ayant influencé de jeunes artistes engagés, parmi lesquels Kelley Walker, Lorna Simpson et Sharon Lockhart.

Jenny Perlin, Notes, 2006/10. Copyright Jenny Perlin.

Par moments, des œuvres subtiles – telles que celles de Tom Burr ou Christopher Williams – se retrouvent un peu perdues dans cette thématique et auraient bénéficié d’une contextualisation plus explicite. Les films noir-et-blanc 16 mm de Jenny Perlin, Notes et Inaudible, tous deux de 2006/10, utilisent son et image pour s’engager dans une écriture critique avec la lumière, qui ouvre immédiatement à un niveau de signification plus profond et qui implique une temporalité warburgienne de l’après-image comme trace. De la même manière, plusieurs autres pièces engagent des enjeux complexes tels que la mémoire et ses processus opérationnels. Elles mettent en œuvre un processus perceptif d’enregistrement de l’information – à la fois figuratif et abstrait – qui envahit par la suite le spectateur de maintes incertitudes.

Uri Aran, "Tout ceci est à vous", 2010. Copyright Uri Aran.

All this is Yours (2010) de Uri Aran consiste en une table avec un petit écran de télévision qui joue le générique de fin d’une interprétation de Black Beauty (1979), quelques copeaux de bois disséminées, des morceaux de céréales, un biscuit, une fausse pièce de monnaie cassée, et deux petites souris en émail parmi d’autres objets désuets ou inutiles. Cette confrontation entre un parfait moment de bonheur et un désordre généralisé montre de manière troublante comment l’inscription spécifique dans le Musée Juif participe du besoin des spectateurs d’assumer les préoccupations subtilement évoquées ici, concernant les conflits politiques et idéologiques.

Ceci est une version légèrement enrichie d’un article publié en anglais sur artforum.com

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